histoire du ramonage

Le terme de « ramonage » est fort ancien : Il est issu d’une pratique aujourd’hui disparue qui consistait Ă  enlever la suie des parois des murs Ă  l’aide d’un balai fait de branchages, que l’on appelait « ramons ». En ancien français, ramoner signifie donc « balayer avec un ramon ».
Le métier de ramoneur est lui aussi ancien. Il s’est développé progressivement au moyen-âge, puis à l’ère industrielle, en suivant l’évolution de la technique : Les cheminées devenaient de plus en plus courantes, et progressivement les conduits de fumée devinrent assez larges pour qu’un homme puisse s’y faufiler et nettoyer le conduit.
Les ramoneurs étaient le plus souvent ambulants et cette pratique était saisonnière. Les petits ramoneurs de Savoie partaient rejoindre leur maître ramoneur le 8 septembre, le lendemain de la fête de la Saint-Grat, patron local des ramoneurs. La saison s’arrêtait en général avec les beaux jours pour permettre aux ramoneurs de retourner dans leurs villages pour mener à bien les travaux des champs d’été. Ce métier faisait partie des « petits métiers » mais il était assez respecté car fort utile. Le maître ramoneur supervisait le travail, le chef des apprentis-ramoneurs dirigeait le travail des plus petits, veillait sur les outils et revendait la suie à des industries. Les apprentis-ramoneurs (de 7 à 13 ans) exécutaient la tâche de monter et descendre dans les conduits en les raclant. Ils étaient aussi souvent colporteurs de petits objets utiles et peu volumineux et certains étaient même montreurs d’animaux, de marmottes notamment.

La figure du ramoneur, le plus souvent d’origine savoyarde, prend peu Ă  peu sa place dans la littĂ©rature, l’art et l’imaginaire europĂ©en. En 1532 dĂ©jĂ , Rabelais dans son Ĺ“uvre Pantagruel fait cette remarque un rien dĂ©sobligeante : « Comment donc auraient-ils pu comprendre les textes des lois, ces vieux abrutis qui n’ont jamais vu un bon livre Ă©crit en latin, comme on s’en rend bien compte Ă  leur style, qui est un style de ramoneur de cheminĂ©e ou de cuisinier et de marmiton, mais non de jurisconsulte ? »
Les ramoneurs criaient dans les rues pour attirer l’attention et se faire de la publicité. Chaque corps de métier utilisait son propre cri. Un des cris du ramoneur était « Ooh, Ooh, ramoneur du haut en bas ! » On peut observer un tableau du peintre bordelais de scènes de genre Jean Ulysse-Roy (fin XIXe) d’un petit ramoneur couvert de suie criant à la ronde dans les rues d’une ville. Il porte son outil, le hérisson, dans son dos.
Le conte d’Andersen « la bergère et le ramoneur » (1835) raconte un amour impossible entre deux figurines de porcelaine. Dans de nombreuses illustrations, le petit ramoneur noiraud devient peu à peu une image stéréotypée de garnement débrouillard, un peu chenapan, un peu voyou, mais sympathique tout de même.
Charles Dickens, au début de son roman Oliver Twist, met en scène un ramoneur qui veut récupérer le jeune Oliver pour le faire travailler. En effet, les enfants étant plus minces que les adultes, ils pouvaient plus aisément grimper le long des conduits. Heureusement pour notre héros anglais, il ne sera finalement pas confié au ramoneur. Le travail était sale, les risques étaient grands, les journées de travail harassantes durant la saison de ramonage et, malheureusement, beaucoup d’enfants mourraient jeunes à cause de la suie qu’ils décapaient des murs et qui devenait toxique pour eux. Certains mourraient même étouffés par la suie.

En 1735, l’abbé du Breuil de Pontbriand crée l’œuvre des petits savoyards pour améliorer le sort des enfants ramoneurs. Plus de cent ans après, des lois en 1874 et 1892 interdisent l’emploi des enfants et contraignent les maîtres ramoneurs à trouver d’autres solutions. Le terme populaire « petit ramoneur » est donc un hommage à tous ces enfants apprentis ramoneurs de notre passé.
L’invention d’un outil télescopique ingénieux, le « hérisson », permit une évolution positive du métier car celui-ci, avec son embout en forme de brosse rugueuse, permettait de pratiquer le ramonage sans rentrer dans la cheminée. Au 20e siècle, un aspirateur à suie fut mis au point, rendant ce travail plus propre et plus efficace.
Alors que les petits métiers disparaissent progressivement, balayés par le progrès technique, le métier de ramoneur perdure, bénéficiant même du regain d’intérêt actuel aussi bien économique que culturel pour le chauffage au bois dans nos habitations modernes. En effet, et cela depuis son apparition, ce métier continue de s’adapter aux avancées technologiques dans le domaine du chauffage.
Dans certains pays, comme en Allemagne, le ramoneur travaille en uniforme stylé, noir. En Europe centrale, et en Alsace pour la France, voir un ramoneur en activité est signe de chance pour la journée. Dans l’imagerie populaire, le ramoneur est considéré comme un porte-bonheur, et est souvent associé au petit cochon, car il apporte l’abondance au foyer. Les ramoneurs protègent contre les incendies, ils deviennent donc par extension les protecteurs du foyer. Ce métier bénéficie toujours aujourd’hui d’une image sympathique et positive, très bien fixée dans la comédie musicale « Mary Poppins ».

Ramonage